Objet du mois

Les santons de Provence

Les santons de Provence

Origine des santons de Provence

L’origine des santons de Provence, c’est la Révolution française.

Le 14 juillet 1789, avec la révolution, les églises sont devenues « propriétés de l’état Français » et, en 1793, l’assemblée nationale a décidé de toutes les fermer, car elle n’arrivait pas à mettre en place la politique qui avait été décidée, ceci à cause du clergé qui, à l’époque, régentait pratiquement tout.


Les curés étaient les personnages les plus importants, les plus puissants, les plus influents, les plus riches, tout simplement parce que c’étaient les seuls qui étaient instruits. Tout le monde venait leur demander conseil et ils en profitaient largement. En fermant les églises, les curés n’avaient plus de contact avec la population et ne pouvaient donc plus la conditionner, et ça devait être plus facile pour mettre la politique en place.

Mais les gens, qui étaient profondément religieux, avaient l’habitude d’aller à l’église pour voir la crèche à Noël. Ne pouvant plus y entrer puisque les églises étaient fermées, ils ont commencé à faire la crèche chez eux, en se cachant car c’était interdit. C’est en Provence que cela s’est fait en premier. Ils réalisaient alors de tout petits personnages qu’ils pouvaient cacher facilement. Il fallait faire très attention : si on se faisait prendre, on risquait de se faire couper la tête. Ces petits personnages étaient de petits saints : Joseph, Marie et l’enfant Jésus, d’où l’appellation santons. (Santon = petit saint, santoun en provençal.)

Ces petits personnages étaient confectionnés avec ce qu’on avait sous la main, mais principalement avec de la mie de pain ou du papier mâché comme pour les masques.

En 1798, un monsieur de Marseille – Jean Louis LAGNEL -, alors qu’il se promenait dans la campagne à Aubagne, constatant qu’il ne pouvait pas se débarrasser de la terre humide qui collait à ses chaussures (c’était de l’argile), fut obligé de le faire avec ses mains. Il vit que cette terre se travaillait très bien et il eut l’idée de faire une petite crèche qu’il trouva à vendre aussitôt. Il en fit d’autres et c’est ainsi qu’est né le métier de santonnier.

C’est donc depuis la fermeture des églises en France, en 1793, que dans la plupart des familles catholiques du monde on fait la crèche à Noël. Avant c’était interdit. C’était un privilège d’églises. C’est Saint François d’Assises qui avait amené la crèche dans les églises, en réalisant le soir de Noël 1223 une crèche vivante au château de Greccio en Italie.

Avec le temps, les personnages de la crèche ont grandi. On les a habillés et peints. On y a ajouté les personnages du village, les vieux métiers. On a créé les crèches provençales… Une bien belle histoire.

Période Calendale

En Provence, les festivités de Noël commencent à partir du 4 décembre et se terminent le 2 février.

C’est la période Calendale.

Tout commence donc avec les blés de la Sainte Barbe. Puis on prépare la crèche. Le 23 et 24 on capture la pétouze et les bergers préparent le pastrage qui a lieu le 24 au soir. La maîtresse de maison a à sa charge la préparation du gros souper, les 13 desserts et le repas de Noël. L’ancien s’occupe du cacho-fio. On prépare ensuite le jour de l’an, puis à partir du 6 janvier on met les rois mages dans la crèche et on tire les rois avec nos fameux et délicieux gâteaux.

Et tout se termine le 2 février pour la chandeleur avec les crêpes et les navettes. On démonte ensuite la crèche.

Les 13 Desserts de Noël

Un repas provençal comporte les treize desserts. C’est le moment du repas qu’on préfère, car ce n’est qu’une fois dans l’année, qu’on se régale avec.

Les treize desserts se composent en général de :

  • La pompe à l’huile ou la fougasse
  • Le nougat noir, pour les pénitents noirs
  • Le nougat blanc pour les pénitents blancs
  • Pommes, poires
  • Fruits confits
  • Clémentines et oranges
  • Chocolat, Calissons d’Aix en Provence
  • Pâtes de fruits
  • Dattes, symbole de l’orient

Les 4 mendiants pour les 4 ordres mendiants :

  • Franciscain :   figues sèches
  • Carmélite : amandes, noisettes
  • Dominicain : raisins secs
  • Augustin :  noix

Voilà en règle générale les treize desserts. Ensuite chaque famille a sa tradition.

Les 13 desserts
Blé+Lentilles Ste Barbe
Blé et Lentilles Ste Barbe

Les personnages de la crèche

A l’origine, La crèche familiale se limitait aux personnages de la Nativité : Marie, Joseph, l’Enfant Jésus et les rois mages.

Les santonniers de Provence s’inspirèrent des vieux métiers traditionnels, du petit peuple de Marseille et des personnages de la  Pastorale, pour fabriquer leurs santons.

Voici quelques personnages marquants :

L’ange dit Boufareu, c’est le messager de la naissance, celui qui souffle, tient une trompette et guide la population vers l’étable.

La Vierge, elle est assise ou à genoux.

Joseph, vêtu d’une robe de bure.

L’enfant Jésus est couché sur la paille.

L’aveugle, s’appuie sur l’épaule de son fils.

Bartoumieu, est personnage sympathique/comique.

La Bohémienne tient un enfant dans les bras.

Le Ravi est un personnage à l’air naïf reconnaissable entre tous avec les bras levés au ciel en apprenant la naissance.

Le berger, un des premiers santons. Il peut être jeune ou vieux, à genou ou couché ou encore accompagné d’un mouton.

Les animaux comme l’âne et le bœuf autour de Jésus, mais aussi les moutons donnent le ton à la scène pastorale.

Les rois mages, sont somptueusement vêtus.

Les autres :

Les femmes : La Comtadine, la femme à la bassinoire, la femme au savon, la marchande de rubans, la femme aux limaçons, la femme à la lavande, la marchande de citrons, la fileuse, la laitière, la marchande de fougasses, la femme au mortier, les arlésiennes, les gitanes, la poissonnière  …

Les hommes : L’homme à la cruche, le tonnelier, le bourrelier, le gitan à la guitare, le marchand de marron, le vitrier, le rémouleur (aiguiseur), le chasseur, le curé, le maire, l’instituteur, les joueurs de pétanque, le tambourinaire, le pescadou (pêcheur), le cordonnier, le porteur de fagots, le porteur d’eau, le pèlerin …

Les Rois Mages

Melchior : 

Roi des Perses, la peau noire.

Mulet bâté d’or ou âne avec des présents.

Présents : Or. 

Gaspard : 

Roi des Indes, la peau ocrée.                  

Chameau, debout ou couché, chargé de présents.

Eléphant avec son Cornac.

Présents : Encens. 

Balthazar : 

Roi des Arabes, la peau blanche.                      

Dromadaire, Chamelier, Pages.

Présents : Myrrhe.

La pétouze fait partie des festivités de Noël

La veille de Noel, les hommes partaient capturer la pétouze (roitelet, troglodyte). On l’offrait ensuite au curé lors de la messe de minuit. Le curé délivrait pendant l’office la pétouze, pour symboliser l’affranchissement de l’ame humaine délivrée de ses chaines par la venue du Messie. Ensuite, la messe étant terminée, on acclamait lou rei de la vaquète (roi du troglodyte) celui qui avait réussi à capturer l’oiseau. Il arrivait quelques fois, que les hommes revenaient bredouille de leur chasse. Les femmes partaient alors à leur tour tenter leur chance. Et si par bonheur elles arrivaient à capturer l’oiseau, alors là mes braves, elles s’en donnaient à coeur joie et se moquaient joyeusement de leurs hommes.

Le Pastrage vient de lou pastre, le berger en provençal. Le pastrage est une tradition provençale héritée de la messe de Noël célébrée par les bergers honorant la naissance de l’enfant Jésus. Les bergers se rendent à l’église en cortège accompagnés de tambourinaires et de Provençaux en costume traditionnel. Les chants séculaires sont en provençal. Les moutons sont présents en Provence depuis des millénaires, l’agnelage se déroulant à Noël, c’est un agneau symbole du Christ qui est présenté à l’officiant et à l’assemblée présente dans l’église pour la fête de la nativité. Certains villages ou villes ont conservé le pastrage durant la messe de minuit de Noël alors que d’autres villes ont différé le pastrage lors de la fête des bergers souvent en janvier.

Le cacho fiò ou cacho-fue (cacha-fuòc, selon la norme classique) est une ancienne cérémonie liée à Noël et au solstice d’hiver durant laquelle l’on met une grosse bûche d’arbre fruitier au feu. Liée au paganisme, elle avait été christianisée puisqu’elle s’accompagnait d’une bénédiction, durant le transport de la bûche vers le foyer. Typiquement provençal, ce rite du cacho fiò, selon Frédéric Mistral, signifiait « mettre au feu ». En Provence, la soirée de Noël commençait par l’ancienne coutume païenne du cacho fio. Cet allumage rituel de la bûche de Noël (calendau, en provençal) correspondait à un rite du feu caché et présageait le retour du feu neuf, le feu du premier Soleil de la nouvelle année.

La cérémonie avait lieu devant la cheminée avant de se mettre à table pour le gros souper. Le plus jeune et le plus vieux portaient ensemble une bûche d’un arbre fruitier (poirier, cerisier, olivier) qui devait brûler pendant trois jours et trois nuits. Ils devaient faire trois fois le tour de la table recouverte de ses trois nappes. Une triple libation sur la bûche était ensuite pratiquée par le plus jeune de l’assemblée, avec du vin cuit, et le plus ancien prononçait les paroles suivantes :

En provençal En français
Cacho-fiò 
Bouto-fiò 
Alègre, alègre 
Dièu nous alègre 
Calèndo vèn, tout bèn vèn 
Dièu nous fague la gràci de veire
l’an que vèn
E se noun sian pas mai,
que noun fuguen pas mens
Bûche de Noël,
Donne le feu
Réjouissons nous
Dieu nous donne la joie
Noël vient, tout vient bien
Dieu nous fasse la grâce de voir
l’an qui vient
Et si nous ne se sommes pas plus
Que nous ne soyons pas moins  

La table

La table dressée comportait trois nappes de taille décroissante : une pour le « gros souper », une pour le repas du jour de Noël, le lendemain midi — repas composé de viandes —, et enfin la dernière pour le soir du 25 où les restes trônent sur la table. Sur ces nappes, on dépose les lentilles ou les blés de la Sainte-Barbe (plantés dans une assiette pour les faire germer le 4 décembre, jour de la Sainte-Barbe), une branche de houx pour apporter le bonheur ainsi que trois bougies. Le pain, posé à l’endroit, est coupé en trois : la « part du pauvre », la « part des convives » et la « part fétiche » qu’on conserve dans une armoire. Il ne faut pas oublier de mettre un couvert de plus : le couvert du pauvre. « Pauvre » désigne celui qui est décédé mais ce peut être aussi un mendiant qui passe et demande l’aumône. La part du pauvre est une survivance de la manne que les Romains offraient à leurs ancêtres.

Le repas

Le repas maigre n’en était pas moins fastueux. Il commençait par l’aigo boulido, se continuait par des plats de poissons dont l’alose à l’étouffée, la morue à la raïto, et de légumes, dont les épinards aux escargots. Après avoir dégusté les sept plats maigres de poissons et de légumes, on pose sur la table les treize desserts que l’on mangeait au retour de la messe de minuit avec le vin cuit et, pour les affamés, on servait la petite oie, dont on apprêtait le cou, les bouts d’ailes, les pieds, le gésier et autres issues, et qui a été remplacée par la dinde de Noël.



Les santons

Arlésiennes et Notables
Arlésiennes et Notables
La crèche
La crèche
Santons de Provence-La Sainte Famille
La Sainte Famille
Santons de Provence-Le Moulin, Meuniers et Boulangers
Le Moulin, Meuniers et Boulangers
Santons de Provence-Le Ravi et les Bergers
Le Ravi et les Bergers
Santons de Provence-Les Joueurs de Pétanque
Les Joueurs de Pétanque
Santons de Provence-Les Rois Mages
Les Rois Mages
Santons de Provence-Les Rois Mages et l'Oasis
Les Rois Mages et l’Oasis