Les assiettes publicitaires Mathis à Sarreguemines
De la collaboration entre le constructeur automobile alsacien Émile Mathis et la faïencerie de Sarreguemines nous sont parvenues 9 vignettes publicitaires apposées sur des faïences fines.
Cette production qui se situe dans les années 1920-1930, période qui marque le retour de l’Alsace-Moselle à la France après une longue et douloureuse séparation (1871-1918), s’illustre par des images caractéristiques de l’Alsace : coiffes et costumes, maisons à colombages, nid de cigognes, des oies, la cathédrale de Strasbourg. Cette identité est renforcée par le choix des artistes qui ont contribué à une partie de cette iconographie : Dorette Muller et Henri Zislin, deux artistes alsaciens dont les œuvres sont aujourd’hui encore très recherchées.
Les 9 vignettes sont apposées principalement sur des assiettes de 21,5 et de 16 cm de diamètre, ainsi que sur des bols à oreilles.
Aucun document de la faïencerie de Sarreguemines ne semble exister sur cette production, ce qui pourrait rendre hasardeuses certaines affirmations. Notre propos s’étaye donc principalement sur les connaissances des collectionneurs de faïence Mathis, sur un fascicule écrit et édité par le Club Mathis en 1986 et par notre intérêt sur cette production.
Neuf vignettes nous sont connues. Notre mémoire peut être incertaine mais il semble que l’on les retrouve toutes sur les trois supports.
Quatre dessins sont signés Dorette Muller, un l’est par Henri Zislin, un décor non signé est attribué par certains à Dorette Muller bien que des détails de l’iconographie tempèrent, comme nous l’évoquerons, cette certitude. Pour trois assiettes les créateurs sont inconnus.
Évoquons à présent ces neuf productions en reprenant les dénominations proposées par le « Club Mathis ».
1) L’assiette unicolore :
D’un diamètre de 24 cm, elle est probablement la première de la série. Son graphisme relativement simple présente une roue crénelée sur l’aile et les inscriptions « Automobiles MATHIS Strasbourg ». Ce graphisme se retrouve également sur un cendrier à la faïencerie de Sarreguemines, et sur des plaques émaillées.
2) L’assiette aux petites Mathis :
Son diamètre est de 24,50 cm. D’un graphisme plus élaboré que la précédente, neuf voitures remplacent les mots « Automobiles Strasbourg » et forment une farandole concentrique avec la roue crénelée.
3) L’alsacienne et le militaire :
Le décor est signé Dorette Muller. Ce dessin qui présente un militaire français et une alsacienne en costume traditionnel agitant un mouchoir, tous deux souriant dans une voiture Mathis, torpedo sport type 10 CV précise le Club Mathis, symbolise probablement le retour de la région à sa patrie. Les arbres en fleurs, le printemps, accentuent ce renouveau.
4) La Mathis en pleine vitesse :
Décor signé Dorette Muller. Un nuage de poussière, une écharpe en plein vent accentuent l’image de vitesse de la Mathis. Une maison à colombages, des spectateurs en costumes alsaciens localisent la scène.
5) La Mathis effarouchant les oies :
Décor signé Dorette Muller. Une conductrice dans sa Mathis, cheveux au vent, à pleine vitesse effraye des oies qui traversent la route.
6) Les amoureux :
Décor signé Dorette Muller. Un couple d’amoureux alsaciens enlacés, marchent sur le chemin, indifférents à une Mathis qui voudrait passer.
7) Le rébus :
Décor signé Henri Zislin.
Le bassin de l’assiette est illustré par un rébus, l’aile par des groupes de petits alsaciens se tenant par la main en alternance avec des voitures Mathis. La solution du rébus se trouve au dos de l’assiette.
8) Les Grands Prix de l’A.C.F. :
Une Mathis passe devant un mur dans un village alsacien. Sur ce mur, des affiches évoquent les succès de la firme dans les Grands Prix A.C.F., en 1923 à Tours, en 1924 à Lyon. Quatre enfants alsaciens en haut du mur regardent avec joie passer la voiture. Un clocher, une maison à colombages, une cigogne dans son nid complètent la scène.
Ce décor non signé a été à tort attribué à Dorette Muller. Il convient, pensons nous, de le restituer à Henri Zislin. Le graphisme des enfants sur le mur ressemble beaucoup à celui des enfants sur l’aile de l’assiette du rébus signé Zislin.
Lorsque l’on observe le bol avec le décor du Grand Prix, le décor qui entoure le motif central reprend une partie de la frise des enfants de l’assiette du rébus. Cette frise est signée H. Zislin.
9) L’assiette de la Py :
Ce décor non signé présente la statue de la liberté soutenant une Mathis, la Py. Deux devises – « Le poids, voilà l’ennemi » et « La voiture du progrès » s’intègrent dans le décor. Émile Mathis essayera sans succès de s’implanter aux États Unis.
Ces deux devises se retrouvent sur le corps de tous les bols.
Ces objets sont appréciés aujourd’hui encore non seulement par les propriétaires de voitures Mathis, mais également par des collectionneurs de faïence et/ou d’objets publicitaires.
Bibliographie :
– Les Amateurs de Mathis, La publicité Mathis, Les objets en faïence, 23-24 août 1981, 1ère édition.
– RIEBEL B., Dorette Muller, Le sourire de l’Alsace, Les petites vagues – éditions, 4ème trimestre. 2007
Nos remerciements vont à notre collègue Patrick Hamm. Patrick est connu également pour ses talents d’illustrateur.