Objet du mois

La fontaine Tête d’éléphant à Sarreguemines

La fontaine Tête d’éléphant à Sarreguemines

fontaine éléphant Sarreguemines

Dans les temps passés, il n’était point rare de trouver dans les maisons bourgeoises des fontaines d’intérieur murales. Constituées d’un réservoir avec son couvercle, d’un bassin et assez fréquemment d’un porte savon, ces objets en cuivre, en étain ou en céramique étaient accrochés sur un support en bois ou directement au mur.

Ces fontaines d’intérieur permettaient de se laver les mains avant et après les repas. Certains pensent que l’utilisation de la fourchette, à table, a contribué au développement de ces fontaines : on n’avait plus besoin de se rincer les mains après chaque plat à l’aide d’une aiguière et de son bassin qu’un domestique présentait aux convives.

A l’instar d’autres manufactures, la faïencerie de Sarreguemines a produit des fontaines murales. Le « Tarif de la Manufacture de poterie fine à Sarreguemines » (ouvrage non daté, vers 1840), présente une fontaine murale. Le bassin est dénommé « Coquille à côtes pour fontaine ». Ces objets étaient alors produits en cailloutage, une faïence fine constituée d’argiles mélangées à des silex broyés et calcinés, et en terre d’Égypte. L’« Album des Produits céramiques de la Manufacture de Sarreguemines, 2ème partie » (non daté, vers 1875), présente des dessins de plusieurs fontaines.

Planche 52 Catalogue

Planche n° 52 de l’Album des Produits céramiques de la Manufacture de Sarreguemines

 

 

Planche Catalogue Manufacture

Planche n° 55 de l’Album des Produits céramiques de la Manufacture de Sarreguemines

Elles ont été fabriquées en grès ou en faïence fine. Parfois le même modèle se décline dans les deux matériaux. On remarquera des fontaines sans décor, le regard étant attiré par les formes de l’objet.

Fontaine Rocaille Grès

Fontaine « Rocaille », grès, n° 249

D’autres sont enrichies par des décors posés en transfert d’impression, par des rehauts posés au pinceau… Vers 1875 plusieurs modèles sont en majolique, une faïence fine revêtue de glaçures colorées par des oxydes métalliques. Ainsi par exemple la fontaine aux écrevisses (N° 236 dans les catalogues) a été produite au fil du temps en grès et en majolique.

Fontaine « Écrevisse », grès, n° 236

Fontaine « Écrevisse », grès, n° 236

L’étude des numéros de forme des objets de fantaisie et de décoration fabriqués à la faïencerie permet de recenser une vingtaine de fontaines murales.

Une des plus riches réalisations, riche dans son exécution, dans ses formes, dans les couleurs qui la recouvrent est la fontaine murale à l’éléphant (forme n° 1912). Créée vers 1890, elle est en majolique. Elle est composée d’un réservoir avec son couvercle et d’un bassin qui intègre dans ses formes le porte savon.

Objet peu souvent rencontré, un exemplaire de cette fontaine se trouve dans les collections du Musée de Sarreguemines, exposé dans le magnifique « Jardin d’Hiver », vestige des appartements de l’ancien directeur de la faïencerie.

Objet abouti dans ses formes, il l’est également dans les décors qui le rehaussent. La parure frontale qui évoque les éléphants domestiqués d’Inde, intègre l’exotisme aux formes naturalistes de la composition.

Détail majolique fontaine éléphant

Fontaine « Tête d’Éléphant », majolique, n° 1912, détail

 

Bibliographie :

  • DECKER É., THEVENIN Ch., La majolique de Sarreguemines, Édition Association des Amis du Musée de Sarreguemines, 1990
  • BENEDICK A., La faïencerie de Sarreguemines, Éditions ABM, 2009
  • Tarif de la Manufacture de poterie fine à Sarreguemines, Non daté (vers 1840)
  • Album des Produits céramiques de la Manufacture de Sarreguemines, 2ème Partie, Non daté (vers 1875)